Comprendre la religion orthodoxe en Ukraine

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PEUPLES ET RELIGIONS

Pour analyser le rapport qui existe entre la mentalité d'un peuple et la foi qu'il professe, il convient tout d'abord de distinguer les religions importées à des religions à autochtones.

Une religion autochtone reflète tout naturellement le caractère du peuple qui l'a créée. C'est particulièrement le cas des religions de l'Antiquité, nés au sein de la tribu ou de la cité, et où les dieux sont les ancêtres ou les protecteurs du peuple. Religions. C'est-à-dire nationales, et qui ne sont jamais articles d'exportation. L'Antiquité n'a point, en effet, connu la propagande religieuse, chacun ayant et conservant la foi de ses aïeux, sans imaginer même qu'il puisse partager cette foi avec un homme d'une autre race ou d'une autre cité. C'est pourquoi exil était alors considéré comme le châtiment suprême : il privait en effet le proscrit de la possibilité de participer au culte national 

Fustel de Coulanges a montré comment, les cités antiques étant tombés en décadence, leurs habitants adoptèrent soit les dieux de leurs maîtres romains, soit les dieux venus d'orient, soit enfin le Dieu chrétien. C'est ce dernier qui triompha de tous les autres (sauf de celui d'Israël) et qui, au cours du haut Moyen Age, imposa son culte à l'Europe entière. Cette religion ' importée ' marqua de son caractère tous les peuples qui l'avaient embrassée. Ils eurent tous la même foi, ils furent tous catholiques et, pendant des siècles, le fidèle français ne différa guère du fidèle allemand ou anglais. Toutefois, à l'usage, la religion catholique finit par céder é la loi de l'évolution, loi inexorable chez les Aryens d'occident, naturellement portés à une constante  révision des valeurs. Après les hérésies vaincues des Cathares, des Albigeois, des Vaudois, de Wielcf, les sectes protestantes finirent par tenir tête à l'église romaine et à évincer de nombreux pays. Et même les nations demeurés catholiques n'échappèrent pas é la différenciation résultant de leur propre évolution. Le mysticisme espagnol par exemple se distingue nettement du réalisme gallican et il y a quelque différence entre un Bossuet et une sainte Thérèse d'Avila.

Ainsi une religion importée , après avoir influencé un peuple nouvellement converti par la nature de ses dogmes et par la conception qu'elle lui inspire des rapports de l'homme avec Dieu et avec les autres hommes, est, à son tour, influencée par les modifications que lui fait subir le caractère même de ce peuple. De cause, elle devient effet

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LE CHRISTIANISME BYZANTIN

Jusqu'au XIe siècle, il n'y avait pas de différences dogmatiques entre les églises latine et grecque. Même depuis le schisme oriental (1054), la controverse sur le Filioque n'a rien de nature à creuser entre eux et moi. Mais il y a tant de différences dans la façon dont l'enseignement religieux est présenté.

Alors que le Grand Ouest, digne fille de Rome, organise la société, que les Irlandais la moralisent, Byzance consacre plus d'espace à notre société qu'aux autres, foi aveugle que foi. Si elle se perd souvent dans de vaines logomachies, si elle peut argumenter la perte de vue de la lampe incarnée dans le Tabor, ou la consonance de la Parole, sa scolastique est plus imprévisible que son raisonnement, elle n'est pas strictement confinée à ses concepts, et aucune logique ne conduit au mouvement de ses plumes. Le grec glissé avait certainement de magnifiques orateurs comme St John Bush, mais il n'est pas l'œuvre de St Thomas d′Aquin, ni de St Anselme ou de St Thomas d′Aquin. Elle est si enthousiaste à l'idée de jouer à l'id-quelle qu'elle a laissé de nombreux points de dogme inexpliqués. Elle est beaucoup plus passionnée par les rituels, les formules et les gestes. Les services de la rébellion sont un somptueux soliloque, mais la foi vulgaire penche vers la foi magique..

Mais l'église grecque a eu le grand mérite de mettre l'accent sur ce qu'elle croyait être l'essence même du christianisme : le repentir du pécheur. À ses yeux, la classification des fautes, les définitions laborieuses de la théologie morale et de la casuistique ne sont pas importantes ; ce qui importe, c'est que le croyant admette sincèrement son indignité et ne pense à rien d'autre qu'à s'en laver. Mais peut-il le faire dans un monde corrompu ? Ne vaudrait-il pas mieux quitter cet âge et, dans le silence gracieux d'un monastère, exsuder son pendentif et faire macérer sa chair ?

L'Ascèse devient ainsi l'idéal pour le vrai chrétien. Byzance vénérait les cénobites et surtout les ermites, les ermites de Thèbes, les troglodytes d'Athos et, en particulier, les stylites, comme cet Aliplos, qui se tint sur son pilier pendant 53 ans. Une atmosphère monastique enveloppe la vie des hautes classes ; le palais de la basilique et les maisons des hauts dignitaires sont habités par des religieux, le gynécée par des femmes recluses. Le zèle puritain des moines est si fort que saint Platon refuse de tolérer les femelles dans les murs du couvent..

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En raison de sa disposition ascétique, la religion byzantine supprime les étapes que la prudence romaine a entre la honte du pécheur et la gloire de l'élu ; le Purgatoire, les mérites superhéroïques des saints, les indulgences. Cette dernière caractéristique illustre la comparaison : l'église grecque n'est pas condescendante, elle ne veut pas faire un pacte avec le péché et, par conséquent, elle humilie trop le pécheur..

Mais est-ce vraiment l'Église, ou plutôt les croyants qui sont responsables de cette dégradation, de cet effondrement de la personnalité ? L'élément ethnique, en effet, joue un rôle ici ; alors que le monde occidental a pu maintenir une conception romaine de la dignité de l'individu, les Grecs dégénérés se sont orientés sous le soutien du sang asiatique. Le Bas-Empire byzantin surpassait encore le Bas-Empire romain par l'arbitraire de ses dirigeants et la servilité de ses subordonnés. La même différence est constatée entre les deux églises : les Romains sauvent les fidèles et les guident habilement ; les malfaiteurs grecs les intimident et les réduisent à une humilité passive. En outre, on peut constater que dans les différentes régions d'Ukraine.

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L'ORTHODOXIE RUSSE

C'est cette foi byzantine, déjà si différente du christianisme romain, que des moines grecs, invités par les chefs varégo-russes, introduisent dans le bassin du Dniepr. (fleuve qui coule é Kiev, capitale de léUkraine)

Des deux éléments qui distinguaient la religion grecque, ascétisme et scolastique, seul le premier pouvait étre implanté en Russie. Les nouveaux convertis, en effet, étaient déune telle ignorance en matiére théologique quéils auraient été bien empruntés de disputer sur léorigine du Saint-Esprit ou méme sur la nature humaine de Jésus-Christ. Le naéf récit de l'évangile à surtout quéil leur était fait en leur langue é parlait bien mieux é leur céur que néintéressaient leur esprit les controverses alambiquées de l'école. Ce n'est que beaucoup plus tard qu'ils se passionnérent pour les discussions religieuses, en y appliquant déailleurs moins de subtilité que de fanatisme.

L'ascése, par contre, convenait é lééme mystique et au tempérament indolent du fidéle slavo-russe. La foi contemplative léattirait plus que la foi active, l'ermitage plus que le couvent oé léon travaille, la priére plus que les éuvres. Germant en terrain favorable, l'ascétisme poussa en Russie des fleurs merveilleuses, dont léhagiographie est tout embaumée, mais aussi des rejets maladifs : le iourodivy, lé é innocent é, le é fol en Christ é, devint, comme le fakir aux Indes, l'objet d'une vénération outrée.

En méme temps que le renoncement aux biens matériels, la religion chrétienne commandait léamour du prochain, enseignement qui plut davantage au céur débonnaire des Russes quéé léesprit raffiné des Grecs. Nulle part le grand précepte du Christ ne fut mieux appliqué quéen Russie. Lé, en effet, si les hautes classes se montrérent trop souvent impitoyables dans leur exploitation du pauvre peuple, celui-ci atténua sa misére par l'entraide et la fraternité.

Ce qui, plus que tout, distingue le fidéle russe, ce fut le sentiment du péché. Par suite déune tendance psychologique congénitale, quéun freudien dénommerait masochisme, il rechercha surtout dans le christianisme ce qui humilie léhomme : les prosternations, les contritions, les pénitences. Il se rendit plus coupable envers Dieu que les autres peuples. Il séimputa crime la moindre faute et il néy eut pour lui ni peccadille, ni péché mignon. Quéun homme en assassinét un autre ou qu'il passét devant une église sans se signer, léacte était condamné du méme mot : éto grekli, é céest un péché é.

A ces trois éléments chrétiens é ascétisme, charité, humilité à l'orthodoxie russe en ajoute un sui generis : le nationalisme. Les événements historiques prirent une telle tournure que la religion, en devenant nationale, revétit un aspect messianique trés particulier. Mais il séagit ici des modifications que fait subir un peuple é une foi ' importée '. Il nous faudra donc suivre pas é pas les aspects successifs déune religion qui se distingue déune faéon si originale de toutes les autres branches du christianisme et qui, profondément sentie, intensément vécue, imprima au caractére national des traits jusqu'ici indélébiles. Visitez les différents édifices de la ville de Kiev pour découvrir les nombreuses églises orthodoxes de la ville.